Com’On Leaders a décidé d’accompagner le Rapport State Of The Media – 2024, Journalistes : l’exception française ? réalisé chaque année par Cision.
Nous avons souhaité connaître de façon individuelle, auprès des journalistes, attaché(e)s de presse, quels sont leur ressenti, leur attente vis-à-vis de leur profession ? Quelle place tiennent les nouvelles technologies comme l’IA, ou encore la data et les réseaux sociaux dans l’exercice de leur métier ?
Nous vous proposons un décryptage par ceux qui font l’information d’aujourd’hui, un regard croisé qui positionne la gouvernance et la confiance au centre des interactions, mais aussi encourager une approche critique et diversifiée de l'information et renforcer les pratiques de vérification de l'information…
La parole est à Nicolas Jucha, journaliste Bsmart.
Quels sont les enjeux de votre profession ?
La profession a un double enjeu : social et sociétal
Sur le plan social, le métier s'est largement précarisé, car beaucoup de gens s'y sont formés et sont arrivés sur le marché du travail, ce qui a rendu le marché de l'emploi des journalistes excessivement favorable aux employeurs qui peuvent imposer massivement des contrats précaires, voire des modes de collaboration à la limite de la légalité (factures, droits d'auteur, voire travail au noir...)
Sur le plan sociétal, le métier est de plus en plus stigmatisé : les journalistes sont pour beaucoup de gens soit au service du pouvoir, soit vendus aux grandes entreprises... Il y a un paradoxe, car les journalistes sont un rempart face à la désinformation et/ou aux abus de l'influence. Il y a malheureusement des médias et journalistes qui contribuent à alimenter cette défiance parce qu'ils ne sont pas alignés avec les règles déontologiques.
Néanmoins, beaucoup de journalistes s'efforcent de suivre les idéaux de la Charte de Munich, au prix parfois de leur sécurité ou confort de vie, mais ils ne sont pas protégés, ou pas assez.
Quels sont les chiffres qui vous ont le plus étonnés ?
Je n'ai pas besoin de chiffres pour m'étonner de la situation des journalistes en France et dans le monde. D'une part, je trouve qu'il y a trop de journalistes précarisés, et pas seulement en France. D'autre part, il y a trop de journalistes assassinés, blessés ou même attaqués en justice à l'échelle mondiale. Enfin, je pense qu'il y a un système perverti qui s'est installé : trop de journalistes sont formés dans l'éducation post-bac, pour trop peu de postes disponibles en sorties d'études, qui plus est avec l'essentiel des meilleurs postes réservés aux alumnis des 14 grandes écoles "reconnues par la profession".
L'enseignement du journalisme est devenu un business comme un autre, les aspirants journalistes sont une sorte de matière première que l'on n'hésite pas à envoyer dans le mur...
Quels sont vos attentes d'un CP, de l'état de la relation entre professionnels des RP et vous-même ?
Le CP doit être clair, pointer les enjeux, les infos clés, et éventuellement les intervenants potentiels. Le professionnel des RP doit connaître les médias qu'il contacte, et se mettre à la place du journaliste, alors que l'inverse n'est pas vrai.
Pourquoi je dis cela ?
Parce qu'un RP doit proposer au journaliste des sujets ou intervenants qui correspondent à sa ligne éditoriale et à son niveau d'exigence éditoriale, mais que le journaliste n'a aucun devoir ni intérêt à traiter d'un sujet ou invité un client du RP sous prétexte de lui "faire plaisir" ou "rendre service". Le journaliste et le RP peuvent avoir une bonne entente, ils ne doivent néanmoins en aucun cas se rendre des services : le RP cherche la meilleure visibilité pour ses clients, les journalistes cherchent les meilleurs sujets et intervenants.
Le mot de la fin :
Il y a une vraie problématique de précarisation du métier. Le monde a besoin d'un journalisme de qualité, et le meilleur moyen d'avoir du journalisme de qualité, c'est d'avoir des professionnels non précaires.
Etude monde 2024 : Rapport sur l’État des Médias
Quels sont les nouveaux défis posés par l'évolution des comportements du public ?
Comme chaque année et pour la 15ème édition, Cision a interrogé les journalistes à travers le monde pour dresser un état des lieux de la profession et connaître leurs sentiments sur l’évolution de leur métier.
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